L’organisation de la famille
À Mayotte, la femme constitue le pilier central de la famille. C’est elle qui sera responsable de la santé et de l’éducation des enfants.
La famille mahoraise est matrilinéaire : elle est organisée autour de la femme qui représente le pilier central familial (5, 6, 7, 8). La transmission des terres familiales se fait aux filles de la famille. Traditionnellement, la maison familiale (dagoni) est construite par ses frères et son père sur le terrain familial. La femme y habitera seulement lorsqu’elle sera mariée. C’est elle qui sera responsable de la santé et de l’éducation des enfants. Les sœurs d’une même famille habiteront sur ce même terrain. La cour familiale est donc le lieu d’habitation de la famille de la femme. L’appellation de frère ou sœur correspond à la proximité de vie durant l’enfance plutôt qu’à un lien de fratrie direct. Il est fréquent qu’un enfant soit élevé par la mama (tante) ou la koko (grand-mère) qui occupent une place prépondérante protectrice dans l’éducation des enfants. À Mayotte, le lien mère-fille est plus important durablement que le lien couple parental (5, 6, 7, 8).
Le mari, installé chez elle, est le chef de famille chargé de subvenir aux besoins de sa famille. S’il est polygame, il habitera dans les différents foyers familiaux et devra s’occuper de ses différentes familles de façon équitable.
La société traditionnelle mahoraise obéit à des lois communautaires où l’individu n’existe pas en tant que tel mais fait partie du groupe (7).
Les événements familiaux mêlés à la religion, aux traditions, aux croyances, sont au cœur de la vie mahoraise et rythment les différentes étapes de l’existence d’une personne. Chaque famille présente une identité particulière régie par des obligations et des interdits (mikos) (8).
• La conception : Elle représente un acte essentiel de la chaîne familiale et répond à un rituel spécifique sans lequel l’enfant à venir ne pourrait s’épanouir normalement (7, 8).
• Les premières règles : Pour une jeune fille, elles sont l’occasion d’une grande fête marquant une étape essentielle dans la vie de l’adolescente devenant femme.
• La vie d’adolescent : Elle est radicalement différente selon que l’on est une fille ou un garçon. À Mayotte, la virginité est de mise jusqu’au mariage et on ne parle pas, dans l’environnement familial, de sexualité de peur d’inciter, surtout la jeune fille, à commettre l’irréparable, source de honte pour la famille. Traditionnellement, le garçon pré-pubère s’éloigne de la maison maternelle en habitant un banga (case en torchis construite par lui et destinée à sa nouvelle vie d’adolescent). Les bangas sont peints de motifs attrayants et colorés (7, 8).
• Le mariage cadial : Ce mariage, et sa préparation, répondent à de nombreux codes variant d’une famille à l’autre. Il permet à la jeune épouse de pouvoir devenir mère (8).